15 February 2022
Le groupe Alteo veut adopter une nouvelle approche de développement de «Smart Cities» en intégrant l’authenticité rurale à son projet à Beau-Champ. Explication de Patrice Legris, CEO du cluster de développement immobilier du groupe, à Lindsay Prosper de l’Express.
L’innovation, la durabilité, l’efficacité et la qualité de vie sont au cœur d’Anahita Beau Champ, le dernier projet du pôle immobilier du groupe Alteo. Quelles en sont les principales motivations ?
Dans le sillage de la fin prochaine de la commercialisation de notre programme IRS, notre intention est d’étendre et d’enrichir la destination Anahita en proposant une nouvelle offre qui comprend un volet résidentiel et aussi de loisir et commercial. Tout cela dans la continuité de la qualité de vie que l’on connait à Anahita depuis sa création mais en y proposant de nouvelles expériences.
Notre volonté est donc de conserver l’authenticité de la région tout en proposant sur environ 50 hectares de la Smart City des commerces, des bureaux et autres services de loisirs. A noter que nous aurons une vraie identité rurale avec entre autres 5 hectares consacrés à des paysages productifs comme des vergers, des plantations de légumes et d’herbes aromatiques qui seront accessibles à la fois aux habitants de la Smart city mais aussi aux personnes extérieures.
Le patrimoine historique sera aussi au cœur du projet et réhabilité comme l’ancienne usine, le « molasses building » ou encore une allée principale le long d’un canal existant et qui sera aussi le principal axe de circulation piétonnier au cœur de la Smart City et à terme l’ancienne usine sucriere de Beau Champ.
Il paraît que le recours à cette orientation résulte d’une tendance repérée au niveau de la demande du marché de l’immobilier. Quelle est la nature et la spécificité de cette demande ?
En effet, nos études montrent qu’il y a un fort attrait pour le wellness living c’est-à-dire des projets de développements immobiliers mettant l’accent sur le bien-être des futurs résidents à travers la présence d’une végétation importante, le respect de la topographie et du patrimoine ainsi que la richesse des expériences qu’on y trouve.
Avec la covid on a aussi vu de nombreuses personnes vouloir s’éloigner des villes pour rechercher plus d’espaces et se rapprocher de la nature tout en gardant un niveau de confort et d’accès aux services essentiels. Notre souhait au travers de notre Smart City est de répondre à cette demande en combinant une qualité de vie exceptionnelle tout en conservant un accès proche et rapide aux services du quotidien.
Nous anticipons aussi une amélioration sensible de l’accessibilité de la région « est » dans les années à venir avec les divers projets d’infrastructure routière annoncés.
Quelle est la part de cette demande influencée par le marché extérieur et celle relevant de la demande du marché intérieur ?
Il est important de noter qu’Anahita Beau Champ sera en grande partie tournée vers la clientèle locale grâce notamment aux terrains à bâtir qui ne sont disponibles qu’aux mauriciens et expatriés ayant déjà un permis de résidence à Maurice. Avec l’amélioration de l’accessibilité de l’est, nous anticipons une évolution pour l’intérêt de posséder un bien dans cette région. Nous pensons en effet qu’une bonne partie de ces résidents mauriciens choisiront Anahita et Anahita Beau Champ comme lieu de résidence principale et pas uniquement secondaire pour les weekends ou vacances comme cela peut être le cas actuellement. A noter aussi que les zones non résidentielles (vergers, café, restaurants, bureaux …) seront ouvertes au grand public.
En quoi consiste la demande en provenance de l’étranger et celle découlant de la demande intérieure ?
Anahita depuis une quinzaine d’années s’est bâti une solide réputation sur la scène internationale et nous recevons toutes les semaines des demandes d’informations de la part de clients venant de différentes parties du monde. Dans Anahita Beau champ les étrangers non-résidents auront accès aux villas et appartements conçus sur plan alors que les Mauriciens et les résidents mauriciens pourront aussi acquérir des terrains viabilisés. Le régime smart city permet par ailleurs aux investisseurs corporate étrangers d’investir à Maurice dans un environnement qualitatif pour y créer leurs entreprises ou y localiser leurs activités.
De quelle partie du monde tout particulièrement cette demande provient-elle ?
Elle provient principalement d’Europe avec notamment une forte proportion de francophones (France, Suisse, Belgique), mais il existe aussi une belle demande en provenance de la Grande-Bretagne. Nous avons aussi des Sud-africains qui traditionnellement s’intéressent à Maurice et bien sûr à Anahita. Le marché indien est aussi de plus en plus intéressé par notre pays dans le cadre d’investissement immobilier. Mais comme mentionné un peu plus haut, les Mauriciens et résidents mauriciens formeront un contingent important parmi nos futurs investisseurs puisqu’un peu moins de la moitié des lots leur seront directement destinés.
S’il y a une demande pour la destination mauricienne, il est clair que c’est au détriment du marché des pays d’où viennent les futurs acquéreurs. Quelles sont les raisons qui motivent ces acquéreurs potentiels à opter pour la destination mauricienne ?
Je ne crois pas qu’il faille voir les choses de manière aussi manichéenne. En effet nous avons observé depuis une dizaine d’années que les étrangers qui investissent à Maurice sont souvent des personnes qui vivent une partie de l’année dans leurs pays d’origine également et pas à 100 % à Maurice et qu’il s’agit d’un deuxième voire troisième investissement immobilier. Ce sont souvent des personnes qui peuvent choisir leur lieu de vie assez librement parce que ce sont des entrepreneurs, des retraités, des libéraux et non pas des salariés qui ont plus de difficultés à se délocaliser pour plusieurs mois. Nous vivons aujourd’hui dans un monde globalisé où les gens choisissent leur lieu de vie avec plus de liberté qu’avant. S’ils n’investissaient pas à Maurice, ils le feraient probablement ailleurs que dans leur pays ; il s’agit, je pense, d’un choix délibéré.
Maurice peut par ailleurs s’enorgueillir de posséder de nombreux atouts pour attirer ces nouveaux nomades : notre lifestyle, notre climat agréable toute l’année, le décalage horaire faible avec notamment l’Europe ou encore Le bilinguisme de la population mauricienne et enfin la population très accueillante et ouverte aux étrangers.
Alors que dans les zones résidentielles administrées par le secteur privé, il y a, dans l’ensemble, un véritable effort pour hisser le niveau des opérations aux exigences d’un mode de développement durable, tout particulièrement par rapport à la gestion des ordures générales et les déchets ménagers on constate que tel n’est pas le cas dans le secteur public. Comment le privé peut-il venir en aide au public dans le but de combler une telle disparité ?
Je pense qu’il s’agit d’une tendance irréversible et que, graduellement, tous les développements à Maurice quels qu’ils soient, devront respecter un certain nombre de critères et d’obligations. Cela revient simplement à une question de coûts et de capacité de financement. Les projets destinés aux étrangers sont, en quelque sorte et du fait du cadre légal, les précurseurs de cette amélioration des infrastructures et les autres projets suivent ou suivront tôt ou tard. La contribution de ce secteur est sous différentes formes soit au travers des recettes fiscales de l’Etat grâce notamment aux registration duties et land transfert tax ainsi que l’Income tax et la TVA quand elle est applicable. Il est également le principal contributeur de FDI à Maurice ce qui permet au pays de mieux gérer la stabilité de la roupie internationalement. Et il contribue aussi de manière sensible à la création d’emploi et de richesse à Maurice.
On dit souvent que l’investissement dans le secteur immobilier est non-productif mais on oublie d’une part le nombre d’emplois directs et indirects crées grâce à ces développements et d’autre part la richesse créée par les investissements de ces nouveaux résidents dans certains secteurs comme les services financiers, la gestion des domaines et des résidences, la maintenance et les loisirs, le secteur de l’aménagement, la décoration et l’ameublement. Sans parler des entreprises potentiellement crées par ces nouveaux résidents.